Comme les neuf doigts de la main !
Par CM3138-GANDI le mardi 10 mars 2009, 20:28 - Cinéma - Lien permanent
Eh oui mes petits zamis ça valait (de trèfle) le coup d'attendre car il vous
faudra bien 15 minutes pour lire tout ça ! Et si vous mettez moins de
temps c'est que vous avez lu trop vite alors recommencez !
Commencons pas Australia :
C'est moche ! C'est triste à dire mais c'est un peu l'impression
qu'Australia m'a laissé...Le très baroqueux Baz Luhrmann n'a peut-être pas un
style qui se prête aux grandes scènes extérieures, mais malheureusement il use
et abuse des effets spéciaux, des filtres de couleurs et autre gadgets visuels
pour une vaine tentative de glorification de son pays, ce qui est idiot car la
grandeur et la beauté naturelle des paysages australiens se suffisent à eux
même. En dehors de cela le film renoue avec le film d'aventure de la belle
époque, mais il accumule un peu trop les clichés et les scènes improbables
(liées à une certaine forme de mysticisme fantastique pas forcément
bienvenu...). Qui plus est le film est trop long, il y a deux histoires et
demies dans le film, une seule aurait suffit.
Globalement on passe tout de même un bon moment, et il sera le futur
blockbuster des rediffusions de film familiaux des vacances de pâques ou de
Noël, mais pour un film qui se veut le porte étendard de tout un pays on était
en droit de s'attendre à beaucoup mieux !
The Spirit ( qui n'est pas White ce coup ci !)
La crainte qu'on pouvait avoir après avoir vu le premier teaser du Spirit était
qu'on se retrouve avec un Sin City bis. Enfin crainte, pas vraiment car du Sin
City on en redemande ;), mais on avait surtout peur que Miller n'arrive pas à
se détacher de ce style. Heureusement visuellement il arrive à trouver son
identité propre.
The Spirit, vous aimerez ou vous détesterez, car il a les qualités de ses
défauts. Bien moins noir que Sin City, il nous transporte souvent dans des gags
visuels digne de Tex Avery. Ce ton parodique détonne parfois avec ce héros
qu'on attendait plus sombre, l'ambiance étant quand même très "film noir".
Certes parfois Franck Miller retrouve de temps à autre cette atmosphère, mais
pour mieux la perdre ensuite. Il y a en fait un manque de maturité notable de
Miller en tant que réalisateur, ce qui n'engendre pas que des défauts (les
idées fusent !), mais par exemple au niveau temporel il peine à trouver un vrai
rythme (une pellicule n'est pas une case de comic !). Alors on se balade au
milieu d'une foule d'idées toutes très farfelues, de décors tantôt magnifiques
tantôt très laids, avec des personnages féminins très féminins, dans un
imbroglio pour lequel on ne peut s'empêcher d'avoir de la sympathie, ou un
profond rejet (c'est le risque). Miller n'est pas Rodriguez ou Snyder, il doit
encore apprendre certaines choses, mais quand il aura appris il se pourrait
bien qu'il révolutionne le cinéma comme il a jadis révolutionné le comic book
!
Sept Vies
Après les neuf doigts de la main les 7 doigts de pieds. Logique. Alors le
film : Bouhouhou c'est super triste :'(. Voilà je peux difficilement en
dire plus sans spoiler l'histoire qui perdrait beaucoup de son intérêt. Après
analyse ce qu'on peut remarquer c'est que la différence entre un film
dramatique de Will Smith et un blockbuster de Will Smith c'est le nombre de
personnes qu'il sauve, 7 ici pour le petit drame low cost, la Terre entière en
général dans les "divertissements calibrés". Mais Smith le fait toujours avec
classe ! Notez que ce film marque les retrouvailles entre Will et Rosario
Dawson (pas creek, mais vue dans Alexandre, Boulevard de la mort et Sin City),
après Men In Black 2 !
Slumdog Millionaire
Très bon film, mais rien qui ne justifie une telle pluie d'oscars, The
Dark Knigth ou Benjamin Button auraient pu (du ?) lui
en voler deux ou trois, ne seraient-ce que techniques. Et de là à lui donner
l'oscar suprême...C'est à mon avis injustifié.
Yes Man
Un très bon Jim Carrey et un film qui vous donnera envie de vous remuer !
Jim est plus sobre qu'avant mais aussi plus efficace. On aimerait le revoir
dans d'autre rôle plus sérieux comme il l'avait brillamment fait avec le
Numéro
23 récemment. Une bouffée d'oxygène dans une période cinématographique
plutôt portée sur les drames !
L'étrange histoire de Benjamin Button
Fincher adapte de nouveau un roman, après Fight Club, Zodiac...Techniquement
sobre mais impressionnant, le gros défaut du film est en fait l'histoire en
elle même qui est plutôt fade, ça sonne creux, ça ne débouche sur rien ou pas
grand chose. Mais le film comporte sans aucun doute plusieurs niveaux de
lecture, et en cela il se distingue d'un Slumdog qui est plus brut de fonderie.
Ce qui ne veut pas dire que je lui aurais donné l'oscar pour autant (peu
d'excellents films en 2008, mais beaucoup de très bons).Formellement parfait
donc, la limite vient peut-être du bouquin dont il est adapté, mais dans tous
les cas c'est un film de grande qualité.
The Wrestler (de se coucher)
C'est très bien, mais un peu vain, stérile. L'histoire est touchante certes,
bien interprétée, mais elle débouche (évier) sur quoi ? Ça n'apporte ni
réponse ni question et c'est ce qui est le plus frustrant, il ne restera pas
grand chose du film après la projection. Mais Mickey Rourke n'aurait pas volé
un oscar !
Push
Enfin un film de super héros avec des héros qui n'en sont pas, car les
protagonistes agissent bien égoïstement, pas tellement pour faire de la Terre
un monde meilleur mais pour améliorer leur quotidien. Sans doute un peu
sous-estimé lors de sa sortie, le film est très sympa et a de bonnes idées. Il
lui manque un peu de budget pour les effets spéciaux et un peu plus d'ampleur,
d'envergure et de charisme pour réellement sortir du lot, mais il n'est pas
honteux ! Parfait pour un après midi entre potes ! Fait amusant le
casting est constitué quasiment à 100% de semi-vedette, de seconds rôles
connus. Le héros est la torche des
4 fantastiques, son nemesis Djimoun Hounsou a fait les beaux jours de
Gladiator et Blood
Diamond, Dakota Fanning est la jeune actrice qui a remplacé Haley Joel
Osment dans le coeur des producteurs de film employant des gamins précocement
talentueux (la guerre des mondes), et la pinup de service est Camilla Belle,
rien à voir avec celle du Prince de Galles, qui est mondialement connue pour
avoir dit "Sorry, I just want a nespresso" a qui vous savez. Bon elle a aussi
joué dans 10 000, mais qui s'en soucie ? Allez respirez fort car on va
finir par du très lourd !
Watchmen
D'abord si ce n'est pas encore fait courez chez votre marchand de comics pour
aller acheter l'intégrale de Watchmen, seulement 15€ pour 400 pages de qualité,
vous ne le regretterez pas. Après cette divine lecture, du genre de celles qui
marquent vraiment le lecteur, vous comprendrez pourquoi Watchmen est quasiment
inadaptable (de jardin) au cinéma. Long, riche en personnages, en intrigues,
cette complexité au service de l'histoire a en effet toute les chances de
passer à la trappe lors du passage à la pellicule, transformant le diamant en
quartz. Car ce qu'il faut retenir de Watchmen ce n'est pas l'action finalement
assez pauvre, c'est son propos, terriblement d'actualité bien que se situant il
y a plus de deux décennies déjà.
Donc voilà Watchmen est sorti, c'est Zack Snyder qui s'y colle après un
300
réussi, mais bien plus simple à adapter tout de même. Allons y franco, on peut
le dire, c'est une adaptation réussie, pas parfaite mais réussie. Il faudra
sans doute attendre la version longue à paraître en DVD et Blu-Ray pour se
forger un avis final, mais voilà déjà ce qu'on peut déjà en dire :
- Le casting est très bon, le comédien et Rorschach sont parfaits, le hibou aussi mais un peu jeune, Sallie manque un poil de fermeté (au niveau du caractère, pas du cuissot) par rapport à l'originale. Les deux mini déceptions sont pour Ozymandias, un peu fadasse, pas assez ressemblant physiquement parlant et le Dr Manhattan auquel il manque peu de choses, mais c'est un rôle extrêmement compliqué.
- En dehors de la ressemblance physique l'interprétation est plutôt bonne, à part de deux ou trois moments où ça part en sucette, où ils ne sont plus dans le ton.
- Visuellement le travail est important, un soin particulier semble avoir été porté aux textures. Là encore hormis deux ou trois moments de laisser aller c'est du bon boulot.
- La bande son est de très bonne facture, mais malheureusement l'excellent The Beginning Is the End Is the Beginning, des Smashing Pumpkins, qui figurait sur le premier trailer est absent...De même que le très bon Take a Bow de Muse.
- Maintenant passons on contenu scénaristique. Le film est très proche du
comic, il ne s'en écarte que très rarement. La fin est légèrement différente,
pas de quoi bouleverser le récit, c'est d'ailleurs sans doute parce qu'ils
n'ont pas eu le temps nécessaire pour mettre toutes les histoires du comic
qu'ils ont du procéder à ce changement. Donc grosso modo on peut dire que c'est
bon, c'est ça ! Néanmoins quelques petits points peuvent chagriner :
Le film a beau être long (2h45), il est court par rapport au comics (à la
louche 5 bonnes heures de lecture), et les coupes qui ont du être faites ne
nous font que partiellement survoler la richesse du bouquin. Le deuxième
problème de ces coupes est que tout va très vite, les personnes ne connaissant
pas du tout l'histoire risquent d'être un peu perdues ou pire de passer à côté
du message, de tout l'esprit critique de ce "roman graphique". Mais là encore
la version ciné n'est qu'un aperçu du montage final (oui 9€, 2h45 de film et
vous n'avez fait qu'effleurer le sujet !), on peut donc espérer plus
d'approfondissement dans la version longue. Enfin petit regret personnel le
passage de Dr Manhattan sur Mars, qui est une merveille de "poésie blasée" ou
"poésie apathique" dans le livre, se permet ici de réécrire le passage et le
point de vue du père du Dr Manhattan, ce qui est un changement très important
dans la construction du personnage. Ma préférence va sans nul doute là encore à
l'original.
Au final
Watchmen est une petite prouesse car c'est une adaptation réussie d'une œuvre
présumée inadaptable, même si pas à 100% convaincante (comme 300 en son temps
d'ailleurs !). C'est peut-être le problème des adaptations filmiques de
certains comics, les changements, aussi microscopiques soient-ils, peuvent
détruire une cohérence chèrement acquise sur le papier, et une version
cinématographique ne sera toujours au final que la lecture du roman par le
réalisateur, son point de vue pouvant différer du notre par tous ce que
l'imagination peut créer pour remplir les espaces entre les cases de nos bandes
dessinées adorées.