Comme prévu de longue date un petit "Daniel Craigothon", malheureusement
sans Millenium que je n'ai point vu et que je ne critiquerai donc pas, dans un
souci évident de probité ! DC, l'acteur le plus en vue du moment, n'a pas
comme beaucoup atteint le sommet rapidement, sa carrière s'est bâtie sur le
long terme. Si vous êtes journaliste et que vous êtes "hype" vous direz sans
doute que son premier rôle marquant était dans "Layer Cake", un thriller
que personne n'a vu, mais vous êtes journaliste et citer des films que
personne n'a vu est le seul moyen que vous ayez de prouver votre supériorité
intellectuelle. Moi j'ai pas vu ce film, le premier film de DC que j'ai vu
était Tomb Raider, que tout le monde a du voir contrairement à LC, et sa
prestation de méchant/gentil baraqué ne m'avait pas forcément "surleculté",
comme il se dit dans le Bouchaunois. Il a été "remplacé" par Gerard Butler dans
le 2ème épisode et celui-ci a connu une belle carrière aussi par la suite, mais
là encore pas à l'aide de sa prestation dans Tomb Raider.
Conclusion : pour jouer le buddy guy de Lara Croft il vous faut des abdos
(car oui les héroïnes à fortes poitrines doivent être accompagnées de prof de
salle de sport dans leurs aventures, c'est contractuel) et pour réussir une
carrière au cinéma jouer dans un Tomb Raider, même si celui-ci est un flop
artistique et financier, peut-être un bon plan.
Revenons à la carrière de DC : en 2001 il tourne "Les sentiers de la
perdition" sous la houlette d'un Sam Mendes, qu'il retrouvera pour Skyfall,
tout frais auréolé du succès d'American Beauty aux oscars. Maintenant pour dire
la vérité il a fallu que Mendes dirige Skyfall pour qu'on se rappelle que Craig
avait déjà tourné avec lui, car lors de la sortie du film tout le monde ne
parlait que de Tom Hanks, alors à l'apex de sa carrière. Autant dire que Daniel
Craig tout le monde s'en fichait à cette époque là. Et puis voilà on l'a
désigné volontaire pour être le nouveau James Bond, tout le monde lui a craché
dessus (gnagna il est blond, imberbe etc), puis le film est sorti, et tout le
monde l'a aimé, et sa vie a changé. Outre les
envahisseurs,
à la croisée des mondes : la boussole d'or le pas terrible Quantum of Solace et Les Insurgés il a
empilé les projets comme un joueur de TGM les tetraminos.
DC...Avec de telles initiales il aurait pu jouer dans Batman ou Superman avec
lesquels il se serait fondu facilement vu sa physionomie. Mais il a du se dire
"AC de jeux de mots "comics" vaseux" et a choisi une autre voie dans l'art de
la BD filmée : celle de Cowboy et Envahisseurs. Craig + Ford +
Wilde + Favreau, sur le papier c'est prometteur, mais de la page du comic
feuillets du scénario le papier s'est un peu froissé.
Reprenons pour bien comprendre : Sans revenir sur DC on a donc Favreau qui
sort tout droit de la réussite des 2 premiers Iron Man et d'une expérience d'acteur dans
Daredevil notamment qui le place en bonne position pour réussir tout ce qui
touche de près ou de loin une adaptation de comic, Harisson Ford lui même qui,
s'il ne fait plus les films à la chaine comme il y a quelques années, a
toujours une grande cote de sympathie et surtout il a tout le loisir de choisir
les films qu'il souhaite faire. Et enfin nous avons Olivia Wilde, aka N°13 dans
Docteur House qui lui même dit ironiquement à peu de chose près : "c'est
pas comme si c'était la fille la plus sexy du monde". Reste qu'avoir un staff
en béton ne suffit pas toujours à bâtir un bon film, il faut aussi de solides
fondations prenant la forme d'un scénario dont le matériau de base est plutôt
original : mêler le western et la SF. Sur ce plan là le titre du film ne
ment pas.
Sans surprise le film commence par une partie Western qui est très
convaincante, avec un Daniel Craig à l'aise, le film est âpre, ça sent le
western pur et dur et le cuir de cheval poussiéreux. Seul "HF" fait une sortie
de route à ce moment là du film, il est en effet trop caricatural pour être
convaincant.
Puis on passe en mode Independance Day et cette ambiance, cette solidité
filmique commence à s'étioler car la fusion des deux mondes n'est jamais
parfaite. Peut-être que la partie Western pure est trop réussie en égard du
reste et que l'arrivée de la partie SF nous l'a fait quitter un peu trop
violemment. On se dit qu'on aurait aimé 2 heures de Western comme ça
finalement, sans envahisseur. Il faut dire qu'en dehors de l'époque la partie
Alien n'a rien de bien originale, et qu'hormis certains passages tendant vers
l'horreur pure assez réussis (la scène du bateau en particulier) on se retrouve
dans un bête film de SF plan plan, esthétiquement sans surprise (il rappellera
même Skyline par moment), aux effets spéciaux moyens compte tenu du budget
alloué. Seul curieusement le rôle d'Harrisson Ford s'améliore avec le temps et
fini par se justifier à la fin. A part la (trop) brève nudité d'Olivia Wilde on
est donc assez loin du chef d’œuvre, et même si on passe globalement un bon
moment une terrible frustration, un sentiment de "peu mieux faire" nous
submerge, comme un kiss cool dont le 2ème effet ne nous aurait pas conduit au
lapin.
C'est avec l'esprit vide de tout pressentiment que je suis allé voir Dreamhouse
car j'en ignorais tout en dehors de la présence de Craig au générique. Et c'est
plutôt agréable d'ailleurs, dans un monde où le matraquage marketing, les
bandes annonces et le merchandising font loi, de pouvoir réellement découvrir
un film vierge de toute idée préconçue, car on a alors la sensation de
découverte, le plaisir d'être emmené dans une histoire dont les frontières ne
sont pas encore bornées par un spoil violent. Et cet état m'a réellement permis
de profiter au maximum du film, qui est thriller semi horrifique/psychologique,
car son twist final, qui n'a ceci dit rien de final puisqu'il doit arriver au
2/3 du film, m'a réellement surpris. Bien interprété (Rachel Weisz y est comme
souvent impeccable et Daniel Craig y est bien plus convaincant que dans
Invasions par exemple), bien réalisé, avec une juste sobriété, le film est
parfaitement recommandable si tant est qu'on aime le genre.
J'ai peur d'être un Tintinophile, sans doute pas le plus extrémiste qui soit
mais quand même...Quand on annonce un film Tintin avec Steven Spielberg et
Peter Jackson aux manettes on peut-être tout à la fois aussi enthousiasmé
qu'horrifié, d'une part parce que 2 des plus grands noms du cinéma se penchent
sur le bébé, et d'autre part parce qu'Hollywood étant ce qu'il est on aurait pu
se retrouver avec n'importe quoi comme résultat. Ce n'est heureusement pas le
cas, mais ça reste la vision de Peter & Steven, ils ont beau avoir la
classe de Georges Lucas Hobbitbol leur image de Tintin, aussi respectueuse
soit-elle, ne sera pas forcément la vôtre, forgée après des années et des
années de lecture et de rerelecture du chef d'oeuvre d'Hergé. Aussi
personnellement si la "performance capture" ne me dérange pas le look des
personnages n'est pas franchement celui que je m'étais imaginé, si la fusion
des deux histoires (Le secret de la Licorne et le crabe au pince d'or) est
plutôt habile j'aurais préféré qu'ils ne s'attardent que sur un seul volume.
Pour les Asterix, animés comme avec des acteurs réels, ils ont aussi beaucoup
pratiqué la fusion, mais n'est pas Son Goku qui veut et rallonger artificiellement
la durée d'un long métrage en assemblant deux histoires, en dehors de cela
parfaitement cohérentes, ne peut pas aboutir à un résultat idéal. Reste que le
film est plutôt prenant et bien rythmé, et qu'en dehors de 2 scènes malvenues
(le redémarrage du moteur par le capitaine Haddock et la bataille de grues
finale), qu'on ne doit d'ailleurs pas à Hergé, c'est plutôt sympathique. Côté
bande son John Williams n'était par contre pas dans un grand jour et le
générique du dessin animé des années 90 symbolisait beaucoup plus, à mon avis,
le côté aventureux du personnage à la houppette, là où l'illustre compositeur
s'attarde sur son côté détective. Attendons de voir la suite pour voir si le
duo de réalisateurs/producteurs peuvent encore mieux faire ! Un mot sur
Craig qui prête sa voie et sa gestuelle à un des personnages principaux du film
avec qui il n'a pourtant aucune ressemblance, mais le résultat est très
probant, bravo à lui. Et la prestation de Gad Elmaleh tiens plus du caméo
qu'autre chose, contrairement à ce que tout le marketing a essayé de nous faire
croire. Sinon l'intérêt de la projection en 3D ne m'a pas paru évident.
Skyfall, le film dont tout le monde parle, le James Bond qui bat tous les
records, celui qui est salué aussi bien par la presse que les
spectateurs ! Alors que dire ? Qu'ajouter ? Est-ce nécessaire
d'en faire plus ? Oui il le faut, je le crains...Bon j'avoue le film est
bon, voire très bon, mais fondamentalement rares sont les James Bond à être
complétement mauvais, même The world is not enough dont je ne suis pas
un grand fan reste divertissant à regarder. Il est bien meilleur que le
feignant Quatum of Solace mais il
lui manque le petit quelque chose qui faisait que le charme de Casino Royale. Je ne saurais dire
ce que c'est, et même si la photo est plus travaillée, même si cette atmosphère
très dark side, pleine de morosité, de dépressivité (?) est magnifiquement
rendue il reste que le film est un peu bancal par différents aspects :
- La façon dont le film fait référence à ses prédécesseurs va peut-être un
peu trop au delà du clin d'oeil pour que ce ne soit pas gênant et laisse une
impression de serpent qui se mord la queue. Ce n'est pas perturbant pendant la
projection mais après si on cherche une quelconque cohérence à l'ensemble de
l’œuvre James Bondienne ça peut irriter.
- Certaines ficelles ont déjà été vues ailleurs, comme le plan machiavélique
du méchant planifié plusieurs coups à l'avance par rapport aux actions de nos
héros.
- C'est quoi cet expert informatique qui pour analyser le contenu d'un pc
d'un pirate commencer par le brancher physiquement sur son réseau local ?
Il n'a jamais lu Homère (pas Simpson, l'autre) ?
- La Française James Bond Girl de service, Bérénice Marlohe, est incroyable
de "uselessness" dans l'histoire, on pourra toujours dire que c'est la première
James Bond Girl jetable de la génération Craig. Même pour un rôle peut-être
encore plus anecdotique Gemma Arterton avait droit à plus d'attention de la
part de Bond.
- Tout le monde se fiche d'M, qui a vraiment de l'empathie pour elle ?
Baser une partie de l'intrigue sur son personnage est une erreur car tout le
monde se fiche qu'elle meure ou non.
- Le final façon O.K. Corral est sympa mais n'a pas trop sa place dans un
James Bond.
- Le générique n'est pas trop mal, la chanson d'Adèle est très James
Bondienne, et plutôt sympathique, mais sans plus de saveur que ça. On attend
encore le grand générique de l'ère Craig (CR : la chanson est bien mais où
sont les filles ? QoS : ratage sur toute la ligne), la génération
Pierce Brosnan a été plus gatée sur ce plan là.
- Daniel Craig ne sait pas courir, or il court beaucoup dans ce film.
- 200m$ de budget, et on nous sert encore des effets spéciaux moisis (voir la
scène du métro, criante de non réalisme).
- Allumez la lumière ! Le film se passe dans la pénombre les 3/4 du
temps. J'espère que vous avez un écran plat ou un projecteur haut de gamme avec
un taux de contraste qui crève le plafond parce que sinon vous n'allez rien
voir de ce qui se passe une fois la galette du film en votre possession.
Mais bon qu'est-ce que sont ces petites gouttes d'amertume face à un océan
de bonheur ? Allez voir Skyfall !
Toutes les images proviennent d'allocine, sauf la première qui vient de je ne sais où mais
merci à eux !