Au pays du soleil le vent se lève.
Par CM3138-GANDI le dimanche 23 février 2014, 17:08 - Cinéma - Lien permanent
Bonjour,
Ayant trop de retard sur mes critiques j'ai décidé de vous faire, une fois n'est pas coutume, une critique thématique, et aujourd'hui vous l'aurez deviné le thème est le cinéma nippon !
Ni mauvais, de mauvais ton, de thon albacore.
"Il revient Albator" disait la chanson du générique de mon enfance. Il était
revenu mais il est vite reparti, ses apparitions sur les télé françaises se
faisant de plus en plus éparses au fil des années. A peine a-t-on le droit de
temps à autre à une rediffusion d'un épisode lors d'une soirée "génération 80",
histoire de capitaliser sur la nostalgie des trentenaires d'aujourd'hui. Et
pourtant au Japon Albator (Captain Herlock ou Harlock dans le reste du monde) a
continué, d'autres séries ont vu le jour, des OAV etc. Malgré cette désertion
le personnage a gardé une aura extraordinaire chez nous, il faut dire
qu'Albator est un monstre de charisme, qu'il cumulait les batailles navales,
les pirates, les duels à l'épée, au pistolet laser avec en plus un air de
western. La classe. Et pas besoin de vampire ou de zombie. Alors évidemment
quand on annonce la sortie d'un film Albator au cinéma, en "CGI" et en "3D" je
prends mon sabre en plastique, ma cape en vinyle, mes bottes en caoutchouc, mon
cache-oeil et je vogue vers le cinéma le plus proche à bord
d'un...batobus.
Et donc là je dois sortir tout mon vocabulaire maritime pour faire bonne
mesure...attention on y va : loin d'être un naufrage, on se laisse
facilement embarqué dans l'intrigue, même si celle-ci nous mène un peu en
bateau car on n'y comprend finalement pas grand chose. Vous me direz l'histoire
originale n'était pas particulièrement limpide comme de l'eau claire elle
aussi, Albator 84 se déroulant par exemple avant Albator 78, et Leiji Matsumoto
n'était pas la figure de proue de la cohérence dans son récit. L'ancre du
scénario n'était peut-être pas encore sèche...En plus de ça s'écarte sur pas
mal de point du scénario original, et quand on en vient à se demander si on ne
regarde pas plus un Final Fantasy qu'un Albator on se dit que le bateau prend
l'eau...
Ce sentiment "final fantasiesque" est renforcé par l'aspect graphique qui
rappellera beaucoup celui de FFVII-Advent Children. Mais ce dernier est sorti en 20..05 ! Or
en 2013 lorsque la Toei nous sort son plus gros budget (30m$, soit 1/4 du
budget d'un Pixar de nos jours) on pouvait s'attendre à un peu plus. Attention
je n'ai pas dit que c'était moche, loin de là, FFVII AC reste d'ailleurs une
référence après toutes ces années, mais on s'attendait à plus et là classe de
certaines images (le death shadows sortant des nuages !) contraste avec la
banalité d'autres sorties tout droit de n'importe quel J-RPG.
Avant de jeter les canaux à la mer récapitulons : Scénario confus, qui
prend ses distances avec l'original et se rapproche d'un FF, graphisme soigné
mais sans effet "wahou!", je vais ramer pour vous donner envie d'aller le
voir...Car oui voilà mon conseil, allez le voir ou achetez le en Blu-ray car
malgré ses défauts le film est agréable à regarder, assure son quota de fan
service (dont une scène de douche aussi gratuite qu'agréable) et on espère une
suite qui n'arrivera jamais si vous ne mettez pas la main au porte monnaie (les
recettes du film n'ont pas été folichonnes...) ! Alors ne piratez pas et
vider votre trésor car moi je veux une suite !
Le vent dans les voiles.
Pour son dernier (dans tous les sens du terme) film Hayao Miyazaki, le chef de
file du studio Ghibli, fait preuve d'une immense...sobriété, évitant le
superflu, les effets gratuits (même le son est en...mono), tout est au service
de l'histoire, une histoire d'amours : amour du travail, de l'aviation, de
son pays, du 7eme art et d'Amour avec une grande première lettre de l'alphabet.
Certain s'ennuieront, les autres profiteront et s'évaderont dans ce nouveau et
terriblement mélancolique chef d'oeuvre d'un homme qui nous en a déjà donné
tant.
La menace fantôme sort de sa coquille.
Attention attention critique d'un blu-ray cette fois-ci ! J'ai en effet
profité d'une promo pour acheter la version "2.0" de Ghost in the shell de
Mamoru Oshii, à ne pas confondre avec Ghost in the shell 2 - Innocence du même
réalisateur. Je ne m'étendrai pas sur le film (je l'ai acheté 2 fois, dois-je
vous faire un dessin ?) mais plutôt sur les différences entre la version
d'origine de 1995 et cette 2.0 datant de 2008, époque où le terme "2.0" pouvait
encore paraître cool pour les marketeux. On nage en plein syndrome "Lucasien",
cette manie de vouloir remanier un film déjà sorti et connu de tous pour en
revendre plein avec une version soit disant meilleure mais qui vieillira plus
vite (star wars 4,5,6, 1 en 3D ; E.T...), et ce remake n'échappe pas à la
règle, un demi lustre après sa sortie il fait déjà lourdement daté. La qualité
des images de synthèse de cette version est certes meilleure, notamment sur les
vues "aériennes" qui perdent leur côté GPS pas cher et qui paraissaient
pourtant en 1995 hyper hi-tech. Par contre le remplacement de la scène
d'ouverture et de la scène de la plongée, en animation traditionnelle dans la
version originale, par des séquences CGI non seulement has been suivant les
critères d'aujourd'hui, mais qui en plus ruinent la cohérence visuelle du film
dans sa globalité, n'est pas du meilleur ton. Et même sans parler de cohérence
elles étaient visuellement meilleures dans l'original, plus justes et
dégageaient plus de poésie. A côté de ça ce Blu-ray est la meilleure version
actuellement disponible pour ce qui est de la qualité d'image (sans être
extraordinaire dans l'absolu), et ces changements ne touchent pas à l'histoire,
donc en conséquence si vous ne connaissez pas le film et que vous souhaitez
enfin découvrir ce monument du cyberpunk jetez vous sans regret sur le Blu-ray,
si par contre vous avez l'original en DVD essayez de visionner le Raymond Bleu
avant d'envisager l'achat car les modifications apportées pourront rebuter les
plus puristes d'entre vous.
Critique Bonus !!! Eructation bel ami
Wouhou ! Du
bonus sur du contenu gratuit, je ne me moque pas de vous ! Étant donné que
je parle de Ghost in the shell un peu plus haut il me semblait opportun de vous
livrer mon avis sur le nouveau RoboCop car les deux films ont des thématiques
communes. Robocop, version 2014 donc, de José Padilha est un reboot (en train)
du film RoboCop 1987 de Paul Verhoeven, film absolument formidable qui n'a pas
vieilli d'une ride et qui garde tout son mordant même 25 ans après. Il fut
suivi d'un RoboCop 2 presque aussi bon réalisé par Irvin Kershner (monsieur
l'empire contre attaque, excusez du peu !) lui-même suivi par un RoboCop 3
qu'il faut mieux oublier. Des téléfilms, des séries, des comics ont ensuite
surfé sur la vague, mais le Steve Austin made in Detroit restait désespérément
à l'écart des salles obscures. Jusqu'à aujourd'hui !
La genèse de ce reboot a été particulièrement hasardeuse, changement de
réalisateur, problèmes financiers de la MGM, PG-13 imposé par la production
(quand on sait que le 1er film était ultra violent...) et une première bande
annonce qui a fait hurler d'horreur les fans de la première heure et qui m'a
personnellement bien refroidi. Alors au final qu'en est-il ?
Les 5 premières minutes sont délicates, on sent le film pétri de bonnes
intentions mais qui ne va jamais se lâcher complétemet. Survient ensuite le
titre qui profane la formidable musique de Basil Poledouris (de l'épisode
original) sur fond de...dubstep, beurk ! Et le film se poursuit avec cette
impression de ne pas savoir sur quel pied danser : la bonne idée est
suivie d'une désillusion qui précède une autre bonne idée etc etc. Évidemment
au final on est mitigé, le film n'est pas mauvais en soit, mais pas au niveau
de ce qu'était RoboCop en 87. Des informations qu'on peut glaner ici ou là
Padilha a été un peu "castré" créativement par la production et cela se
ressent, avec un film propre sur lui qui en essayant de plaire à tout le monde
ne parvient à convaincre personne. Il lui manque le côté subversif, le
supplément d'âme du premier pour s'extraire du tout venant du blockbuster
hivernal. En fait il est à l'image de son acteur principal Joel Kinnaman :
il fait le boulot mais ce n'est pas un monstre de charisme. Quant aux
thématiques abordées (homme ou machine ? L'Amérique police du monde, les
dérives de la science et des "mega corporations" etc.) elles trouveront plus
d’écho dans les films cités plus haut, mais elles ont au moins le mérite
d'exister. Dommage !
Photos d'illustration du propos empruntées à allociné